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Première destination: Gonaïves

19 février

Claude et Joël, en route vers Gonaïves

Claude trépigne d’impatience et de joie. Elle va retourner avec nous, à Gonaïves, où elle a passé trois mois l’automne dernier. Elle s’y est faite pleins d’amis, et nous serons bien accueillis. Joël, qui était aussi à Port-au-Prince, nous emmène dans son véhicule tout terrain, direction sa ville natale. En route, il nous explique le pays et les lieux que l’on traverse, véritable mine d’information et de conscience sociale.

Alors que le soleil descend sur les plaines environnantes, nous entrons dans la ville dorée par la lumière. Les rues bourdonnent de gens qui marchent lentement, de kiosques de bois où d’autres s’amoncellent, ou de petites cabanes de tôle où l’on vend du rêve sous forme de loto. Il y eut un boum effarant de ce marché lucratif pas très honnête il y a plusieurs années. Même si la mode a un peu passé, plusieurs y croient encore et elle persiste. Mais la plupart de ces cabanes ont été recyclées en points de vente de recharge de minutes de téléphone cellulaire, ou bien de vente de bière, gomme, jus, etc. Il en résulte une drôle d'association, chaque cabane portant son propre nom où on peut également lire en gros LOTO. Il est d'ailleurs frappant de voir l’utilisation abusive de références à Dieu et à la religion pour vendre des tas de trucs. Garage Dieu Tout Puissant. Pharmacie Jésus est Amour. Loto La Providence. Deux concepts qui peuvent facilement nous éloigner de notre propre pouvoir d’action et de décision sur notre vie, réunis en un. Il y a aussi Loto Confiance. Ça c’est presque la meilleure…

La tour du Centre Sport pour l'Espoir, sur la route Soleil 9, en dehors de Port-au-Prince

En entrant en ville, Joël arrête un moment dans ce qui sera son nouveau restaurant, à côté d’une petite brocante que lui et sa conjointe tiennent. Ils achètent des containers en provenance des États-Unis et en revendent le contenu divers ici.

Le ventre un peu creux des heures de routes, Joël nous emmène ensuite chez sa conjointe, qui a préparé un excellent plat de riz aux poids et de porc dans une sauce piquante et salée qui nous apaise grandement.

Une des rues principales de Gonaïves, tranquille à l'heure du dîner...

Claude a connu Joël lors d'un voyage l'an passé pour Cyclo Nord-Sud. Il travaille entre autre pour l’organisme Terre des Jeunes, où il développe des projets pour l’environnement et pour donner du pouvoir à la jeunesse, notamment à travers la valorisation de l’agriculture. Il nous fera d’ailleurs faire un tour de champs près de Gonaïves, nous expliquant les difficultés des agriculteurs qui subissent les impacts de la grande sécheresse qui sévit, en plus du désintérêt choquant du gouvernement.

Pour l'instant, Joël nous emmène dans son bar, le AJ Resto Bar. Discussions sur nos différences et ressemblances et bières Prestige au menu.

Les contacts de Claude sont d’une grande aide, pour se loger, se déplacer et élargir les horizons de notre documentaire. L’automne dernier, elle est venue avec Le Programme de Coopérants Volontaires pour organiser un concours en entreprenariat. De bon cœur, elle a offert son vélo à Loctamar, une femme de 26 ans qui a gagné ce concours avec ses créations artisanales en macramé (sandales, bracelets, etc.) . Elle est également une couturière talentueuse, créant des vêtements pour femmes originaux et fort jolis. Claude a voulu l’encourager à sa manière.

Claude lui a téléphoné à plusieurs reprises, sans succès, depuis notre arrivée. Ce premier soir à Gonaïves, avant d’aller au bar, Claude décide d’embarquer derrière la moto de Lahens, un autre bon ami, pour partir à sa recherche. Nous croisons les doigts pour qu’elle la retrouve et qu’elle ait encore son vélo. Ici, l’éphémère peut durer longtemps. Et pas les vélos.

Lahens et Claude tentant de rejoindre Loctamar...

Une heure plus tard, le duo de motocyclistes nous rejoint au bar de Joël avec une bonne nouvelle. Première séance de tournage demain matin avec Loctamar, qui roule à vélo chaque jour à Gonaïves, ville agitée de motos, piétons, voitures et toutes ses déclinaisons motorisées et risquées.

Quelques bières plus tard, Lahens nous incite à la danse sur le tout petit parterre de faux gazon devant le bar. Nous dansons n’importe comment sur de la musique vaudou, au grand amusement de Lahens. Même la serveuse nous rejoint, après s’être dégêné. Joël lui, ne se commet pas et joue à l’occupé sur son téléphone.

Lahens nous raconte ses recherches sur la culture vaudou. Il écrit un livre sur le sujet, afin de démystifier cette pratique millénaire et inquiétante pour plusieurs. Déjà envoûtés, il nous invite à une cérémonie traditionnelle dansante de sa communauté Rara le lendemain. À suivre…


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